Presentation

Autour d'une question

Les Textes

La "question" touaregue

L'argument du particularisme touareg

Arrêt sur image

Schizophrénie

Bandits et démocrates

Les voix de l'ombre

La révolution

Les scissions de la résistance armée

Taxi de la liberté

Introduction

 

 

 

La "question" touarègue

Hélène Claudot-Hawad.

 

Hélène Claudot-Hawad est ethnologue, chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique et membre de l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman d'Aix en Provence.

 

En mai 1990, au Niger, un accrochage à la gendarmerie de Tchin Tabaraden et la répression militaire meurtrière qui s'ensuit servent de détonateur à l'insurrection armée des Touaregs. L'incendie se propage rapidement du côté malien. Cette prise d'armes au sein d'Etats mitoyens défraie la chronique médiatique et étale sur la scène publique la "question touarègue".

Le développement de la révolte génère de part et d'autre de la frontière nigéro-malienne une succession d'expéditions punitives de la part de l'armée, puis des milices paramilitaires qui ne s'en prennent pas tant aux rebelles, souvent insaisissables, qu'aux civils à peau claire. Après cinq ans d'escarmouches aux allures de guerre civile, le bilan est très lourd. Les victimes se comptent par milliers et ceux qui ont pu échapper aux pogroms, à la soif et à l'épuisement de la marche dans le désert cherchent refuge dans les camps de réfugiés installés à la frontière de l'Algérie, de la Mauritanie ou du Burkina Faso. Certains réussissent à s'infiltrer dans les pays limitrophes et s'installent à la périphérie des villes. La zone la plus touchée est certainement la boucle du Niger, sur les deux rives du fleuve, où les nomades ont été pratiquement tous chassés ou tués. La population en exil se chiffre en centaines de milliers d'individus, équivalant ou dépassant dans certaines zones le nombre des Touaregs restés au pays. Les accords successivement conclus à partir de 1991 jusqu'en 1995 entre représentants des fronts armés et gouvernements font miroiter aux exilés l'espoir de revenir chez eux et de pouvoir y vivre dignement. En dépit des conventions signées, plusieurs tentatives de retour avortent dans la violence, ramenant les rapatriés aux camps insalubres des frontières, ou encore les laissent à l'abandon dans un état de dénuement critique .